27 Janvier 2021
L'ambiance au sein de l'équipe est bonne, en ce moment.
M. Dôbayashi est un supérieur très apprécié.
Ce serait dommage de détruire ce que j'ai construit jusqu'ici.
Je tiens à ce poste parce que je m'y sens bien.
Je m'y sens à ma place!
Et je n'ai aucune envie de le perdre.
Je ne peux pas me permettre de raconter ce qui se passe... Personne ne doit savoir!
Arrêtez ça, s'il vous plait... Vous n'êtes pas ce genre d'homme... N'est-ce pas?
Et moi qui ne sais pas comment réagir...
J'ai envie de hurler mais... Rien ne sort.
Mangaka: Reiko Momochi
Traductrice: Yuki Kakiichi
Editeur: Akata
Collection: Large
Année: 2020 (VO: 2019)
Manga - Josei
Quatrième de couverture (Tome 1):
Satsuki Yamaguchi travaille en intérim en tant qu'opératrice dans un service client téléphonique. Elle est aussi formatrice pour les nouveaux employés. Très investie dans son travail, elle devient malheureusement la cible du harcèlement sexuel d'un de ses supérieurs. Ce récidiviste notoire a jeté son dévolu sur Satsuki... Sombrant peu à peu dans la solitude et l'isolement, la jeune femme réussira-t-elle à briser la loi du silence ?
Basé sur une histoire vraie, "Moi aussi" raconte le combat d'une jeune femme, victime de harcèlement sexuel, pour se faire entendre dans une société patriarcale.
Mon avis:
"Moi aussi" est avant tout un manga fortement inspiré d'une histoire vraie, celle de Kaori Sato, aujourd'hui devenue politicienne au Japon, et qui a collaboré étroitement avec la mangaka lors de la réalisation de cette saga. L'histoire est tellement réaliste que l'on croit sincèrement à Satsuki. Elle est devenue réelle à mes yeux, au même titre que son agresseur et tous les protagonistes de l'histoire.
Au fur et à mesure du récit, des explications sur le contexte historique sont apportées et permettent aux lecteurs d'en savoir plus sur la législation japonaise. Cet aspect documentaire est bien fait, intéressant et fondamental pour nous permettre de prendre conscience de la réalité des victimes.
J'ai été frappée de n'avoir pas pleuré à cette lecture. En général, je suis très sensible, et tout me bouleverse. Mais ici, la victime n'est pas larmoyante. Bien sûr, aucun excès de pudeur n'est envisagé, et on la voit sombrer dans la dépression, la boulimie, les angoisses. Tout est justement dosé, pour que l'on comprenne sans s'appitoyer. Elle est victime, mais pas faible. Seule, elle est impuissante, mais bien entourée, elle se découvre des forces insoupçonnées.
Ce manga est essentiel tant pour les victimes, les témoins, que les non-initiés, ceux qui pensent que tout ça n'arrive que dans les films, ou n'arrive qu'aux autres. Pour les victimes, cela aide à retrouver de l'énergie, de la force, permet de se sentir moins seul, moins marginal, afin de reprendre confiance en soi. Pour les témoins, cette histoire peut leur permettre de trouver les mots pour mieux comprendre ou accompagner leur collègue, pour l'aider à trouver les outils pour se défendre. Et pour les autres, c'est un excellent moyen pour les aider à ouvrir les yeux, et qui sait? Si jamais ils sont un jour victime ou témoin, ils seront au moins informés.
Vous l'aurez compris, cette saga est essentielle, mais le sujet est dur. Sa lecture est donc à déconseiller aux jeunes adolescents. A réserver à un public averti.
Au début des années deux mille, les jeunes diplômés ont subi de plein fouet la crise financière et l'éclatement de la bulle internet. Trouver du travail s'est avéré difficile, ce qui a valu à cette période le surnom d'âge de glace de l'emploi. Ceux qui n'ont pas réussi à décrocher un poste sont souvent restés une année de plus à l'université, retardant ainsi leur entrée sur le marché du travail. Dans ce contexte changer de poste en milieu de carrière s'est révélé encore plus compliqué. Les intérimaires étant déjà de par leur statut en position de faiblesse... Beaucoup ont été victimes de harcèlement sexuel. Quitter leur emploi revenait souvent à ne jamais retrouver de poste équivalent.