13 Janvier 2021
Quand est-ce que tu crois qu'on pourra sortir? demande Nanna prudemment.
- Je ne sais pas. Quand ça ne sera plus dangereux. Il ne faut pas trop y penser. Pour l'instant, on est bien ici, à l'abri, et on y reste.
- Mais ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu du bruit en haut. Ou que le phare ne s'est pas allumé. On pourrait peut-être sortir? Juste faire une petite promenade?
- Oh oui! renchérit Fride.
- C'est non, et pas de discussion, répond leur père. Tant qu'on ne saura pas si c'est sûr, on ne remontera pas. On en a déjà parlé plein de fois. Un jour, on ira, promis. Vous êtes trop jeunes pour vous souvenir comment c'était. C'était... Bon. Le sujet est clos pour l'instant. Allez dans l'observatoire lire un peu, moi, je débarrasse le petit déjeuner.
Auteur: Jan Henrik Nielsen
Traductrice: Aude Pasquier
Editeur: Albin Michel
Collection: Wiz
Année VF: 2014 (VO:2011)
334 pages
Jeunesse - Science-Fiction Post-apocalyptique
Quatrième de couverture:
Cette île pourrait être n'importe quelle île. Ces deux soeurs pourraient être n'importe quelles soeurs. Cette terre qu'une grand catastrophe écologique a ravagée pourrait être la nôtre. L'eau est devenue rare, le soleil brûle la peau, la végétation se meurt. Terrées dans un bunker depuis six ans, Nanna et sa petite soeur Fride observent le monde à travers un périscope, à la fois fascinées et inquiètes. Forcées de sortir au dehors, elles découvrent qu'au coeur de ce paysage désolé les gens sont prêts à les aider. Alors Fride et Nanna avancent au sein de l'automne, blotties dans une joie surprenante, découvrant un monde qu'elles croyaient hostile à jamais...
Mon avis:
Séduite par cette superbe couverture (illustrée par Stian Hole), curieuse de lire un roman norvégien, je me suis laissée tenter par cette lecture qui m'a captivée. Moi qui, en principe, ne suis pas amatrice du tout des univers post-apocalyptiques, qui n'apprécie guère les romans descriptifs, dans lesquels il se passe peu de choses, curieusement, ici, j'ai été littéralement envoutée par les mots de Jan Henrik Nielsen habilement traduits par Aude Pasquier.
Je me suis surprise moi-même à apprécier autant cette lecture qui n'a à mon sens rien d'un "roman pour ados". Certes l'univers est tout à fait abordable pour de "jeunes" lecteurs (plus de 12ans je dirais...), l'écriture est fluide et agréable, sans difficulté. Cependant, il n'est pas pour autant enfantin, les problématiques ne sont pas spécialement axées sur des préoccupations d'adolescents, et pour le coup, elles nous concernent tous, au regard de la crise actuelle. Une maladie bien mystérieuse a tout détruit sur son passage, et les survivants se font rares.
Les personnages sont touchants et très attachants, les 2 soeurs d'âges différents (l'une jeune adolescente, l'autre de 5-6ans) sont très soudées, et la différence d'âge n'est pas flagrante quand on considère les réflexions et les comportements. La plus jeune à mon sens manque de naïveté et de spontannéité attribués généralement aux jeunes enfants (mais cela peut s'expliquer par ses conditions de vie confinées depuis son plus jeune âge) et fait même preuve, dans certaines circonstances, d'une surprenante maturité.
Les personnages secondaires sont profonds, tour à tour mystérieux, attendrissants, inquiétants... Chacun porte le traumatisme du passé à sa manière, chacun s'étant adapté de façon différente à la situation et ayant survécu pour des raisons plus ou moins mystérieuses.
Le regard sur le monde, malgré les évènements épouvantables, reste très positif et cela fait beaucoup de bien de lire un roman dans ce genre qui ne soit pas pour autant un roman "catastrophe" où tout espoir est perdu ou presque.
Une ode à la vie, qu'il peut être bon de lire actuellement, pour ne pas oublier que "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir".