8 Août 2020
La vie dans la forêt avait trempé chaque centimètre de son corps. Il avait acquis des muscles de félin qui se durcirent avec les années. Sa connaissance de la forêt valait celle d'un Shuar. Il nageait aussi bien qu'un Shuar. Il savait suivre une piste comme un Shuar. Il était comme un Shuar, mais il n'était pas un Shuar.
Auteur: Luis Sepulveda
Traducteur: François Maspero
Editeur: Points
Année: 1995 (première édition VF: 1992)
ISBN: 978 2 02 023930 2
121 pages
Classique - Aventure
Quatrième de couverture:
Lorsque les habitants d'El Idilio découvrent dans une pirogue le cadavre d'un homme blond assassiné, ils n'hésitent pas à accuser les Indiens de meurtre. Seul Antonio José Bolivar déchiffre dans l'étrange blessure la marque d'un félin. Il a longuement vécu avec les Shuars, connaît, respecte la forêt amazonienne et a une passion pour les romans d'amour. En se lançant à la poursuite du fauve, Antonio José Bolivar nous entraîne dans un conte magique, un hymne aux hommes d'Amazonie dont la survie même est aujourd'hui menacée.
Mon avis:
Cela fait des années que je souhaitais lire un livre de cet auteur. J'avais ce livre dans ma PAL depuis longtemps je crois, et j'ai décidé de l'en extraire, notamment pour le challenge "En 2020, je voyage...".
Je ne regrette pas d'avoir sauté le pas, cependant, je m'attendais à être vraiment enthousiaste, emportée dans l'histoire, et ce ne fut pas le cas. Je suis donc, forcément, un peu déçue. Deux choses expliquent cela, je pense.
Premièrement, je ne me suis pas identifiée au personnage, et l'histoire est plus philosophique et spirituelle qu'émotionnelle. Ainsi, je n'ai pas réussi à être émue, et je n'ai pas pu "rentrer" dans l'histoire.
Deuxièmement, plusieurs passages m'ont profondément ennuyée. Certains parlent de lenteur dans le récit. Je ne vois pas cela comme de la lenteur, mais on voyage entre le présent et le passé, le réel et l'imaginaire du personnage, et à plusieurs reprises j'ai du revenir en arrière pour trouver mes marques et comprendre où on allait. Cela a coupé mon imaginaire.
Malgré ces points négatifs qui ont terni ma lecture, j'ai trouvé le roman très intéressant, et j'ai carrément adoré certains passages (qui, je pense, resteront gravés dans ma mémoire).
La scène avec le dentiste en début de roman est surprenante et fascinante. Je comprends mieux pourquoi les dentistes sont vus comme des arracheurs de dents! Cette scène est, à mon sens, essentielle pour planter le décor. On comprend là que la vie est rude, dans un milieu hostile, isolé de la civilisation moderne. Le luxe dans lequel nous vivons est totalement étranger aux habitants d'El Idilio, petit village équatorial au coeur de la forêt Amazonienne.
La vie au milieu des Shuars est fascinante, et j'ai trouvé ce passage beaucoup trop court. J'aurais aimé en savoir plus sur les années passées là-bas, sur son cheminement intérieur, sur ses découvertes et ses révélations personnelles.
Enfin, la scène finale (dont je ne parlerai pas, pour ne pas spoiler) est majestueuse. Là, j'étais plongée dans le récit. Je vivais toute l'intensité du moment auprès du vieil homme.
Pour moi, ce livre est plus un livre philosophique et intellectuel, à travers lequel l'auteur donne son avis sur les humains des sociétés occidentales, à l'esprit colonialiste, qui pensent que l'instruction est ce qui permet aux gens d'être intelligents. Il les ridiculise et montre à quel point leur instruction les rend stupides sur un plan éthique, et vis à vis du monde qui les entoure. Ils ont des connaissances théoriques mais ne sont pas capables d'agir concrètement dans le monde, dans le respect de l'environnement. Ils sont dépourvus d'écoute, d'empathie, et sont dominés par la peur.
C'est pour ce message, principalement, que j'ai aimé le livre, que je vous conseille pour vous faire votre propre opinion. Il est possible que je n'ai pas été suffisamment réceptive pour pouvoir m'immerger dans cette lecture, mais cela reste, à mes yeux, une lecture de qualité, plaisante, et qui va raisonner dans mon esprit pendant longtemps, je pense.